~ Histoire ~
Comme dit précédemment, Gwindel est né dans un château sombre perché sur un pic rocheux, au cœur de l’Europe de l’Est, d’une mère anglaise et d’un père seigneur local. On peut se demander comment se justifie la présence d’une aristocrate anglaise au cœur d’une contrée hostile, peuplée de loups, de sapins et autres paysans analphabètes : c’est tout simplement le résultat d’un mariage arrangé, d’une alliance politique entre ceux qui voulaient organiser une fronde contre la domination Ottomane et récupérer les routes commerciales et ceux qui disposaient d’une force de frappe conséquente. Si les tribulations commerciales des anglais n’intéressait guère le Baron Dragomir, les anglais eux étaient fortement intéressés par cette armée d’hommes entraînés à la vie dans les Carpates, proches géographiquement des lignes de combats, et durs à la guerre. On signa donc un traité pour finaliser la transaction, quelques centaines d’hommes partirent en guerre, et peu en revinrent. Ce qu’il advint des routes commerciale, le Baron ne le sut pas. Tout ce qui l’intéressait, c’était de donner les moins bons de ses hommes contre une génitrice de sang noble pour sa future progéniture. Le mariage fut célébré dans l’intimité du château, un voile cachant les yeux rougis de larmes de la mariée qui découvrait le même jour son mari et le lieu hostile dans lequel elle allait finir sa vie.
Les anglais ignoraient la coutume vampirique des Dragomir. Ils ne connaissaient d’eux que leur armée que l’on disait invincible. Et pour cause, elle était dirigée par des vampires. Mais ça, peu de monde le savait. On envoya donc le futur père de Gwindel signer les accords, sans même avoir vu un portrait de sa promise, et il revint avec une date de mariage fixée et la promesse d’envoyer des soldats le jour même, ce qu’il fit. Sa fiancée quitta son manoir douillet sans savoir où elle allait exactement, et ne découvrit l’environnement des Carpates que lors de son périlleux voyage en carriole. Elle vit des loups, des paysans aux visages ravagés par la consanguinité imposée par l’impossibilité de se déplacer sans moyens efficaces, des sapins dont les cimes cachaient le ciel, bordant des chemins de terres plein de cailloux sur lesquels la carriole manqua de rendre l’âme à plusieurs reprises. Elle fut interloquée par la vision de plusieurs calvaires dont certains semblaient très vieux et d’autres étaient profanés, mais dans l’ensemble plus nombreux sur les terres de son futur mari que n’importe où ailleurs dans la région de Transylvanie qu’elle traversait. Trop préoccupée par son propre sort au moment où toutes ces étranges nouveautés s’imposaient à elle, elle ne comprit que bien plus tard que les habitants tentaient par leurs maigres moyens de se défendre contre la diabolique influence de leur buveur de sang de seigneur.
Difficile de décrire l’angoisse qui lui serra la poitrine lorsqu’elle franchit l’épais mur de pierre du château médiéval dans lequel elle allait désormais vivre. Elle ne se consola que momentanément sur le fait que son mari n’étais pas aussi repoussant qu’elle l’avait imaginé en voyant les paysans et leur apparence abâtardie. Le mariage fut donc célébré, et elle vécu un temps presqu’heureuse, se rattachant aux petites attentions de son mari pour se croire heureuse dans son nouvel environnement. Il était attentionné, charmant, bien élevé, cultivé. A se demander comment son aïeul bourru qui vivait dans une aile du château sans se montrer avait pu enfanter d’un fils si agréable. Elle lui fit trois enfants, Jaroslav, Gwindel et Mathias, chacun né à deux ans d’écart de l’autre, comme programmés. Fatiguée par ses grossesses et l’éducation de ses enfants, elle ne se rendit compte de la monstruosité de cette histoire qu’après la naissance de Mathias. Son mari se désintéressa totalement d’elle, puisqu’elle avait rempli son devoir de génitrice, et elle sombra dans une profonde dépression dont elle ne sortit plus, atterrée de voir que ses propres enfants suivaient le chemin de leur monstre de père malgré l’influence anglaise qu’elle avait voulu donner en nommant les deux derniers à la mode anglaise.
Car le baron était un monstre. Le masque tomba moins d’un mois après la naissance du petit dernier, et le vieil homme qui était enfin sorti de l’aile où il avait vécu reclus pendant ces six ans tint à ce qu’elle assiste au rituel qui le sanctifia comme tel. Le vieil homme qu’elle avait aperçu à son mariage était en fait un homme qui paraissait avoir à peine quarante ans. Et pourtant, il était le père de son mari qui lui n’avait que trente et un ans. Elle refusa de comprendre jusqu’au moment où on la força à se mettre sur une chaise au fond d’une pièce vide, seule avec son mari et son beau-père qui se lancèrent dans un rituel aussi grotesque que dérangeant. Le « vieil homme » ouvrit la gorge de son propre fils d’un coup sec, de l’ongle du pouce qu’il avait long et sale et il se mit à boire son sang, collant ses lèvres dans une parodie de suçon, les yeux mi-clos, appréciant visiblement la manœuvre, pendant que le Baron tentait faiblement de lutter, par réflexe de survie, les yeux se révulsant alors que ses lèvres s’étiraient sur un sourire malsain. La Baronne porta les mains à sa bouche pour étouffer un cri qui naissait dans sa poitrine, et lorsque le corps inerte du baron s’affaissa sur le sol, elle hurla avant de perdre connaissance. Mais le répit fut de courte durée. Son beau père la gifla à toute volée, et lorsqu’elle reprit connaissance, le « vieux » était déjà penché sur le sol, dessinant des symboles étranges avec ce qui restait du sang de son fils. Enfin, il ouvrit son propre poignet d’un geste assuré avant de laisser le sang couler dans la bouche ouverte de son baron de fils qui tentait d’aspirer de vaines goulées d’air. Combien de temps le vieil homme (elle ne pouvait se résoudre à le considérer autrement) resta le poignet sanglant au dessus de la bouche de son mari, impossible de s’en rendre compte. Elle avait l’impression de l’un de ces cauchemars éveillés qui semblaient étirer le temps comme une vulgaire guimauve.
Son mari ne vint pas la rejoindre cette nuit là. Mais le lendemain, il était frais et dispos comme si rien ne s’était passé. Un simple bandeau entourait son épaule sous sa chemise, alors qu’elle n’avait vu aucune blessure à cet endroit. Mais il était là, riant, jouant avec ses enfants, sans lui accorder un regard, à elle qui avait tout vu.
Elle enterra ce souvenir dans sa mémoire, jusqu’au jour où Gwindel qui lui n’ignorait rien des activités vampiriques de son père lui demanda expressément de pouvoir à son tour acquérir cette immortalité qui le fascinait.
Le baron n’avait rien caché des rites familiaux à ses fils. Ils étaient des hommes, des nobles, et il estimait qu’une éducation stricte dans la vérité était nécessaire pour en faire de bons vampires par la suite, et de fidèles descendants du clan Dragomir.
Petit, Gwindel suivait son frère Jaroslav comme une ombre. L’aîné ne se lassait pas de son fidèle public, et le laissait admirer ses péripéties à longueur de temps, que ce soit pour admirer le casse-cou grimpant à l’arbre ou le tortionnaire humilier ses serviteurs, sport en vogue chez ces petits fils de vampire pour qui les distractions étaient rares et à qui rien n’était jamais refusé. Si le petit dernier quant à lui affichait un caractère solitaire, Gwindel lui allait volontiers de l’un à l’autre, les pressant pour jouer tous les trois ensemble (entreprise périlleuse et vouée à l’échec du fait de la haine profonde qu’avait Jaroslav pour Mathias, qui se propagea à ce dernier lorsqu’il fut en âge de le comprendre). Rendu triste par cette tension entre l’aîné et le benjamin de la famille, il sautait sur n’importe quelle occasion pour les rassembler tous les deux et lorsqu’il se rendit compte que Mathias était également attiré par la torture sur les domestiques, bien encouragés par leur père qu’ils étaient, il organisa rien moins qu’une soirée entre les trois frères, alors âgés respectivement de 12, 10 et 8 ans, où il leur proposa un jeu amusant. Il alla chercher une fillette au village voisin, qui le suivit sans arrières pensées, charmante petite tête blonde qu’il était. Il l’emmena jouer dans les bois, et il passa une si belle journée qu’il faillit la raccompagner chez elle à la nuit tombée. Jouer avec une fille était aussi agréable que de jouer avec Jaroslav, et la petite avait été particulièrement douée pour grimper aux arbres, sans parler de ce poisson qu’elle avait réussi à attraper avec une lance improvisée. Mais le visage de Mathias tordu par la colère et les larmes lors de sa dernière altercation avec son aîné n’était que trop présent dans son esprit pour qu’il la laisse filer. Il l’amena finalement au château, lui promettant un bain et un repas, avant de la mener à l’un des cachots du château, en lui expliquant qu’il y avait là quelque chose d’incroyable. Il l’enferma dans l’une des cellules situées au plus profond des entrailles de la forteresse pour que personne ne l’entende, et proposa à ses frères de le suivre discrètement après dîner. Véritable guide, présentateur improvisé d’un spectacle secret, il leur dévoila leur cadeau secret au fond des cachots, en leur faisant promettre d’être gentil l’un envers l’autre pour au moins quelques semaines. Les deux frères ennemis ne se firent pas prier et se serrèrent la main avant de commencer les festivités, sous l’œil satisfait de Gwindel qui battait des mains, heureux d’être parvenu à ce résultat inespéré. La soirée fut inoubliable. La petite cria tant et plus, mais si quelqu’un l’entendit, personne ne vint les déranger. Ils quittèrent le cachot aux petites heures de la nuit, barbouillés de sang des pieds à la tête, tenant chacun un membre arraché de la petite qu’ils finirent par jeter aux loups qui hurlaient au pied de la forteresse.
En attendant que chaque membre soit jeté et arrive enfin après une course de plusieurs dizaines de mètres en bas du rempart, ils discutèrent tranquillement de ce sang qu’ils avaient voulu boire, qui leur barbouillait la bouche, le menton et les joues, et de la possibilité qu’ils ne soient pas encore assez vieux pour pouvoir boire ça comme du lait : boire le sang avait été désagréable. Trop chaud, il les avait rendus nauséeux. Lorsque la dernière jambe fut jetée, on convint d’aller chercher les vêtements en bas dès le lendemain pour les brûler, et après être rentrés bras dessus bras dessous (encore une victoire pour Gwindel) on alla se coucher. Ils furent réveillés par les hurlements de leur mère qui se griffa le visage en hurlant au démon, et s’enfuirent vers leur père qui leur fit préparer un petit déjeuner en leur expliquant pourquoi le sang les avait rendu malade, et qu’ils deviendraient des buveurs de sang bien assez tôt, qu’il devaient profiter de leur jeunesse pour manger tout ce qu’ils aimaient. Les trois garçons se mirent d’accord pour un ragoût de biche qui leur fut servi le soir même en l’absence de leur mère qui s’était isolée pour parler toute seule, échevelée, les yeux hagards, dans l’indifférence générale.
De ce jour, Gwindel qui en avait tiré une certaine fierté, au vu de la facilité avec laquelle il avait pu mettre la main sur la fillette et réconcilier ses frères ne cessa de poser des questions à son père sur les vampires, sur leur famille. Celui-ci, fier de son cadet, lui raconta l’histoire familiale, comment le premier vampire Dragomir était né, que le vampire originel à qui ils devaient tout était l’homme qui avait donné le nom Nikolaï à sa famille, et que la tradition de vampiriser le chef de famille une fois qu’il avait procréé s’était aussitôt mise en place, pour ne pas perdre les fabuleux pouvoirs d’immortalité conférés par ce statut familial. Mais, avait dit son père, il fallait que le chef de famille ait pu transmettre son héritage, c'est-à-dire avoir des héritiers mâles, avant que n’intervienne le processus de vampirisation. Mais Gwindel ne l’entendait pas de cette oreille. Il refusait d’attendre d’avoir à coucher avec une femme pour obtenir ce statut ; il n’était encore qu’un enfant et ces choses ne lui parlaient guère. Il pressa son père tant et plus que ce dernier se résolut de le faire une fois l’âge adulte atteint. De toute façon, avait objecté Gwindel, le frère aîné, celui qui devrait reprendre l’héritage familial, c’était Jaroslav, alors à quoi bon attendre d’avoir des enfants, des boulets au pied, pour jouir de ces pouvoirs ? Le Baron rompit donc la tradition en vampirisant Gwindel le jour de ses vingt ans, alors même que Jaroslav n’était même pas marié. Nerveux la veille du rituel, il se confia à ses frères mi-agacés mi-admiratifs qui le soutinrent malgré tout dans sa démarche, sûrs d’être à leur tour vampirisés plus tard, soulagés que quelqu’un le fasse avant eux pour pouvoir découvrir ce rituel tenu secret avant d’en être au centre.
Mortellement effrayé mais résolu, assuré du soutien de ses frères adorés, Gwindel se rendit donc à la salle vide, d’ordinaire inoccupée, où subsistaient sur le sol des symboles étranges d’un brun rouillé, alors que ses deux frères étaient déjà assis, aussi nerveux qu’il pouvait l’être, au milieu d’une myriade de bougies noires posées à même le sol souillé par le sang de son propre père des années auparavant. Sa mère avait refusé d’assister à nouveau à la mort de l’un de ses proches et elle s’était barricadée dans sa chambre, refusant d’en sortir même pour ce nourrir en ce jour maudit, restant derrière sa porte à murmurer une litanie de paroles sans aucun sens où se mêlaient quelques prières anglicanes. Le vieux, quant à lui, avait été évincé de la cérémonie, et de l’avis des trois frères, ses jours au château étaient comptés. Tout était une question de temps avant qu’une embuscade ne lui soit tendue de la main même de ses descendants, torches à la main. Mais ils verraient ça plus tard. Pour le moment, il fallait se plier au rite. Il s’avança donc au milieu des bougies, jusqu’à son père dont le regard brillait d’un éclat malsain qui lui plut autant qu’il l’effraya. Il tourna le dos à ce dernier, se tournant vers ses frères pour leur adresser un dernier regard de ce corps vivant et chaud qu’ils avaient serré dans leurs bras la veille encore, il leur adressa un dernier sourire aux canines pas encore proéminentes, avant de fermer les yeux.
La morsure ne fut qu’une piqûre. Il sentit les lèvres chaudes de son père sur son cou, sa moustache et sa barbe chatouillant la peau douce de ses vingt ans, avant de tomber à genoux, pris de vertiges. Son père accompagna sa chute dans une étreinte pleine d’amour paternel comme il ne l’avait encore jamais exprimé. Il se sentit partir et agrippa le bras du baron faiblement, n’ouvrant les yeux que pour lui adresser un dernier regard de crainte mêlée à la confiance, avant de finalement expirer sur le sol. Son père lui donna son propre sang en s’ouvrant les veines. Il sentit le liquide lui couler le long des lèvres, dans la bouche, et ruisseler sur sa gorge. Il toussa faiblement, puis ferma les yeux, trop faible pour que son corps ne réagisse au corps étranger qui menaçait de l’étouffer. Puis il le sentit. Le changement. La force parcourir ses membres jusque là au bord de la mort, ses yeux s’ouvrirent brusquement, parés à presque jaillir de ses orbites, et ses dents, subitement gênantes pour une bouche habituée aux canines normales. Son dos se cambra sous l’effet de spasmes violents de la vie maudite qui prenait possession de cet organisme affaibli, et pendant qu’il se tordait en crachant du sang, le sang de son propre père, il vit le plafond qu’il fixait. Il le vit. Les plus fines rainures, les petites traces de mousse sur la pierre, soulignées par de délicates gouttes d’humidité, comme s’il avait eu le nez collé dessus alors que le plafond était presque trois mètres plus haut. Lorsqu’il se calma, étourdi par la masse de nouvelles sensations, nouvelles odeurs du sang, du moisi des murs, de la peur de ses frères, et des bruits à peine perceptibles, comme les paroles de sa mère qui continuait à prier, comme la pluie qui frappait les remparts, il se releva, chancelant, avant de s’appuyer au mur pour reprendre ses esprits. Son père avait disparu au fond de la pièce, et ses frères le fixaient avec une admiration quasi religieuse. Le paternel revint avec un tisonnier et il prit son fils par le bras avant de faire signe aux deux autres de le suivre jusqu’à leur salon où brûlait le feu qui ne s’éteignait jamais, toujours alimenté en hiver. Il fit s’agenouiller Gwindel devant la cheminée, devant les portraits de ses ancêtres. Devant le portrait du premier vampire de la famille, qui trônait là à dessein. Et pour cause. Le Baron posa le tisonnier dans le feu brûlant, et ils attendirent tous qu’il chauffe à la température voulue, dans un silence de mort. Concentré sur le crépitement du feu, tremblant de tous ses membres, Gwindel attendit, agacé par la respiration saccadée de ses frères tout aussi apeurés qu’il entendait comme s’il avait été sur leurs genoux. Enfin le coup de grâce arriva, et son père lui arracha son vêtement avec force avant d’apposer le sceau des Dragomir, le Dragon qui se mordait la queue, sur l’épaule de son fils bien aimé. Gwindel hurla, ses frères frémirent, sa peau crépita sous l’effet de la pression combinée à la chaleur, et l’instant d’après, tout était fini. Douloureusement fini. Il garda l’épaule blessée quelques jours, jusqu’à ce que ça ne soit plus qu’une cicatrice, plus que jamais fier d’être passé par là.
On l’envoya consoler sa mère, il y alla sans grande conviction, mais la porte resta close des jours durant, et il n’insista pas. Quelques jours plus tard, les trois frères dirigés par leur père tendirent une embuscade à leur grand-père qui finit en torche vivante sur le dos de son cheval qui courut affolé jusqu’à un ravin où il les précipita tous les deux, éclairant avec son propre brasier l’abîme sans fond jusque là plongé dans les ténèbres. Tous regrettèrent amèrement la perte du cheval, une bête nerveuse et fidèle.
Gwindel toujours curieux et passionné voulut s’en aller parcourir le monde, mais son père l’en empêcha. Sa mère se mourrait, achevée par ce rituel dont elle n’avait pas toléré le simple déroulement dans sa demeure, et il voulait que ses trois fils reste avec elle jusqu’au bout. Question de principes. Il resta donc contre son gré, se réfugiant dans les livres, ricanant avec ses frères en faisant de grand plans pour le jour où leur vampirisation viendrait (toujours ponctués d’insultes entre Mathias et Jaroslav) attendant sans grands états d’âme que leur mère ne meure. Mais la baronne tint bon, et finit par se remettre après des jours d’une fièvre maligne, aidée par un prêtre dont on se débarrassa sitôt la baronne en bonne santé. Il passa encore dix ans au château avant que sa chère mère, usée avant l’heure, ne meure enfin. Elle fut enterrée dans la cour du château, et le lendemain même, Gwindel partait pour la France. Il voyagea en emportant un bocal de terre de Transylvanie, prise dans la terre même où l’on enterrait sa mère, et parcourut l’Europe, ne voyageant que de nuit, tuant ça et là des voyageurs, mendiants et autres animaux. Il continua à correspondre avec ses frères, et les invita à le rejoindre dans son périple. Jaroslav le suivit jusqu’en Espagne, où il se lia avec un autre vampire qui devait partir pour le nouveau monde. Lorsqu’ils se quittèrent, il n’était pas sûr que Jaroslav retourne un jour au château. Mathias, quant à lui, travaillait dur à un plan pour éliminer son propre père et peut être même son aîné. Gwindel essaya de l’en dissuader, mais ce crétin s’entêtait. Il se contenta donc de lui mettre une bonne correction avant de le renvoyer au château. De toute façon, il était encore humain. De France où il resta quelques années il migra en Angleterre, puis en Prusse. Il retourna au château surveiller Mathias, assister à sa vampirisation et le convaincre de laisser leur père tranquille avant de repartir quelques années plus tard, non sans un certain doute quant à la loyauté de son petit frère. Puis il partit en Italie où il découvrit Venise et ses coutumes. Amusé par le carnaval qui s’y tenait chaque année, par le principe de tout ce beau monde qui se déguisait, se dissimulait, et où il pouvait passer des nuits endiablées avec de belles inconnues pour les saigner au petit matin, il resta plus longtemps encore qu’ailleurs : décidé à s’imprégner des cultures et des langues, il était résolu de ne pas passer trop longtemps dans chaque pays, pour ne pas que trop de temps ne passe, pour ne pas que l’on constate les ravages du temps autour de lui pendant qu’il restait miraculeusement jeune.
Venise le combla au-delà de ses attentes, et il y resta près d’un siècle, ouvrit des comptoirs marchands avec l’argent de papa pour commencer à récolter ses propres revenus, déménageant de petits villages en petits villages au cœur de la Vénétie, mais plus le temps passait et plus il devait se dissimuler, jusqu’au jour où la pression fut trop forte : il finit par s’enfuir jusqu’à Naples où il ne resta que le temps de rapatrier tout ce qui restait en Vénétie, pour retourner chez lui. Tous ses livres, ses effets personnels, ses masques de carnaval… Et la veille de son départ, alors qu’il se promenait sur les hauteurs, laissant son regard se perdre sur l’île de Capri dont les lumières brillaient au loin, un homme passablement aviné l’approcha, et lui parla longuement d’une autre île, au cœur de l’Atlantique, où la liberté était le bien le plus cher, où la loi du plus fort et le code des pirates étaient les seules règles en vigueur. Intrigué, curieux, toujours à l’affut d’une nouvelle destination, il l’écouta patiemment, lui soutira toutes les informations nécessaires à la localisation de ce « Myrajh » avant de finalement le tuer et jeter son corps sur les rochers en contrebas. Il retourna dans son hôtel, pensif. Le lendemain, il prit le chemin de la Transylvanie… Pour mieux y préparer son prochain départ vers cette Myrajh pleine de promesses. Une fois là bas, il pourrait continuer à récupérer l’argent générés par ses comptoirs, et s’y installé.
Il fit ses adieux à son père et ses frères (Jaroslav était revenu d’Espagne spécialement pour l’occasion) et bien que le regard de Mathias ne soit que trop fuyant, il se décida à partir pour Myrajh, dans une caisse en bois pleine de terre de Transylvanie. Sept caisses furent chargée, l’une contenant son corps, pour l’île de Myrajh. Il s’assura que l’équipage était suffisant pour lui faire tenir une traversée complète en terme de nourriture, et à la nuit tombée, le bateau quitta le port.
La suite ? Elle arrive…
~ Hors Rpg ~
Toi : ton nom/surnom : Moko
Depuis combien de temps fais-tu du RPG : Fioute, au moins 7 ans
Ton niveau : ça va, Imothep.
Ta disponibilité pour le forum : Relative et fluctuante, mais j'vais faire de mon mieux.
Comment as-tu connu Myrajh ? : Ha ha ha.